Alice Fitoussi est une chanteusealgérienne d'origine juive, née le 9 mai 1916 à Bordj Bou Arreridj et décédée en 1978 à Paris.
Son père, Rahmim Fitoussi est un chanteur et violoniste réputé. C’est auprès de lui qu’elle apprend le chant et grave son premier disque à l’age de treize ans, c'était la seule chanteuse juive qui interprétait al-Madih (chant religieux musulman à la gloire du prophète Mahomet,. Après l'indépendance, elle a décide de rester vivre en Algérie, n’allant en France que pour passer l’hiver.
quand elle se produisait devant un auditoire féminin, tout son orchestre était féminin, et quand elle se produisait devant un auditoire composé d'hommes musulmans , tout son orchestre était de sexe masculin...
Marie Soussan et Rachid Ksentini lors
d'une représentation à Blida en 1933
Troupe Bachetarzi (Motribia) avec Marie Soussan (assise), Driss le flutiste, Mimoun le pianiste, Azoulay le qanoundji, Bachtarzi (au centre en blanc) et Rachid Ksentini, … les super stars de l'époque
née à Souk-Ahras,
de son vrai nom Thamar Allouche (comme la mère de Salim Halali), surnommée "la voix d'or de Constantine", lien familial avec Salim halali ?
Meriem SOUSSIN, connue sous le nom de Marie SOUSSAN , artiste algrienne, chanteuse et comdienne. Ne le 17/01/1895, Alger ( 8 rue Lallahoum basse Casbah), fille de Simon SOUSSIN (originaire de ...
Alfred LEBRATI dit SASSI, est n le 08 septembre 1885 Constantine (Rue GRANI - vielle ville). Fils de Meyer et de Rebecca CHEMLA. Son pre serait originaire de Tunis ; arriv Constantine au milieu du ...
The career of Tunisian singer Habiba Messika was cut tragically short in 1930. Her murder devastated her fans, but in its aftermath her records spread across the French-occupied Maghreb, fanning the
Preserving North Africa's Jewish musical past, one record at a time. Gharamophone.com is dedicated to preserving North Africa's Jewish musical past, one record at a time. Looking to find a home for
Patrimoine musical andalou, La contribution de mélomanes de confession israélite 25 Septembre 2008 , quotidien national, Algérie, le Midi Libre
Il existait une pléiade de musiciens de confession jésuite qui s’attelaient à préserver, dans la tradition orale, un pan du diwan andalou, notamment le musicien Edmond Yafil.
Combien est difficile d’écrire l’histoire des chanteurs et musiciens et transcrire la musique classique algérienne (andalou), tant font défaut les documents censés être conservés, sinon quelques archives détenues par peu de personnes ayant fait partie du milieu artistique.
En furetant quelques pièces, on ne peut rester indifférents devant la contribution des mélomanes de confession israélite qui, en s’inscrivant dans le tissu socio-culturel algérien, n’en furent pas moins des éléments actifs dans la préservation de la musique andalouse. L’illustre Saâdeddine Bencheneb ne disait-il pas à Mohieddine Bachtarzi : "Combien la conservation, l’histoire et l’évolution de la musique seraient moins énigmatiques si un Maâlem Benfarachou (...) avait rédigé ne serait-ce que quelques pages (...)."
En effet, il existait une pléiade de musiciens de confession jésuite qui s’attelaient à préserver, dans la tradition orale, un pan du diwan andalou, notamment le musicien Edmond Yafil qui, depuis son jeune âge, manifestait un amour qui allait grandissant pour les pièces musicales andalouses qu’il considérait comme de grands chefs-d’œuvre. Quand bien même ils ne maîtrisaient pas la langue classique, les musiciens de confession judaïque faisaient de la poésie littéraire zyriabienne une matrice culturelle particulièrement lors des circonstances festives. Aux côtés de Mahieddine Lakehal, Bencharif, Ahmed Sebti, Cheikh Mnemèche, Mohamed Bentefahi et autres Mustapha Kechkoul, Mohamed Mazaâche, les frères Bahar, Zemmouri dit Omar Hibi, Dahmane Benachour, pour ne citer que ceux-là, la liste de noms de musiciens juifs séfarades est longue. On peut citer Maâlem Benfarachou qui, «(…) avec Cheikh Mnemèche, fut celui qui connaissait le plus d’airs andalous. Décédé en 1904, à l’âge de 71 ans, Ben Farachou eut l’occasion de rectifier plusieurs airs mal annotés par Sfindja, Mouzinou. Quant à Saïdi qui jouait la kOuitra, c’était un musicien de grand talent. Il connaissait parfaitement le répertoire classique», écrivait Mohieddine Bachtarzi (v/Jeunesse Action, n°6, 1977).
D’autres noms non moins célèbres dans le milieu musical brillaient dans le ciel du vieil Alger, au même titre qu’à Oran, Tlemcen ou Constantine. On peut évoquer Lili El-Abassi, chanteur andalou, Laho Seror qui excellait, dit-on, dans le jeu de la kuitra, le virtuose Saci – propriétaire lui aussi d’un café à la rue Bouzrina (ex-rue de la Lyre) – qui grattait superbement la mandoline au même titre que son coreligionnaire Edmond Yafil.
Aussi, outre l’absence de transcription, il n’y avait pas avant l’avènement du XXe siècle de support culturel de nature à protéger la mémoire de l’oubli : ni conservatoire, ni radio, ni télévision. Le support se limitait dans les cafés maures où les mélomanes venaient s’exerçaient ; les associations musicales, elles, n’ont commencé à émerger qu’à partir de la fin des années vingt. Cependant, faut-il préciser que, devant la menace de l’érosion de cet héritage musical, les muphtis de rite hanafite d’Alger avaient pris les devants en conviant les moudjaouidine (lecteurs de Coran) appelés par la suite qassadine à adapter le plus possible les airs de noubate aux paroles des cantiques qu’ils psalmodiaient lors des fêtes religieuses (veillées de Ramadan, mouloud, âchoura…) dans les différents lieux de culte. Histoire de ne pas laisser choir ce patrimoine dans les méandres de l’oubli. Manière aussi de l’immortaliser dans les modes ’araq, zidane, moual, djarka et de l’étendre aux mosquées hanafites de Koléa, Médéa, Blida, Miliana, Cherchell…
Tout compte fait, les écrits consultés sur l’activité artistique d’Edmond Yafil témoignent de sa persévérance et sa soif inextinguible à apprendre la musique classique qu’il a commencé à chérir tout enfant lorsque son père (Makhlouf Yafil) l’emmena écouter les mélodies andalouses dans certains cafés d’Alger, fréquentés par de grands musiciens dont Mohamed Sfindja, l’enfant gâté des citadins.
Ce qui l’amena, plus tard, à transcrire près de 500 airs qu’il prit soin de déposer à la Sacem. Il faut souligner qu’une bonne partie de transcription de ce trésor est l’œuvre aussi de Mohamed Sfindja et du musicologue Jules Rouanet. Ce dernier était chargé de se documenter sur la musique arabe aux fins d’éditer une grande encyclopédie de musique. Après le décès de Mohamed Sfindja, le 30 juin 1908, une guéguerre opposa, par répliques interposées dans la presse, Edmond Yafil à Jules Rouanet sur la paternité de la transcription.
Par : Farouk Baba-Hadji
Cheikh El Afrit (الشيخ العفريت), de son vrai nom Isseréne Israël Rozio, né en 1897 à Tunis et décédé le 26 juillet 1939 à l'Ariana
Né dans le quartier juif de Tunis, son père Sallem Rozio est d'origine marocaine — il vient du village de Mghira près d'Agadir — et sa mère Story Khalfon est d'origine libyenne. Lorsque son père regagne le Maroc, sa mère reste à Tunis avec la charge supplémentaire de deux garçons et une fille nés de deux précédents mariages. De retour à Tunis, son père veut ramener son fils au Maroc mais ce dernier, qui a alors cinq ans, préfère rester avec sa mère dans le besoin.
Ne fréquentant jamais l'école, il vend les pâtisseries au miel préparées par sa mère à travers les ruelles du quartier juif pour aider à nourrir sa famille même si le maigre pécule qu'il ramène ne suffit guère. Aussi loue-t-il ses bras, comme d'autres enfants, pour moudre du café au pilon de bois dans une petite fabrique de torréfaction.
Grâce à sa mère, il apprend à chanter puis participe aux chorales des synagogues. D'anciens artistes juifs lui font partager leur savoir, ce qui permet au jeune Issim de se produire dans les concerts et galas publics et privés où il connaît le succès, notamment grâce à son interprétation de chansons tunisiennes aux paroles coquines. Pour se donner du cœur à l'ouvrage sur son lieu de travail, il fredonne des mélodies et sa voix force l'admiration de ses compagnons qui le surnomment affectueusement El Afrit (« Le Démon »), non dans le sens maléfique du terme mais dans celui de l'excellence dans son domaine, autrement dit « Le Génie », mot qui vient de jinn qui est un synonyme de afrit.
Maurice el Medioni rencontre Blaoui Houari & Cheb Khaled
Maurice est le neveu de Messaoud el-Medioni, plus connu sous le nom de Saoud l’Oranais, un grand nom du hawzi raflé à Marseille, déporté avec son fils en mars 1943 et disparu dans le camp de Sobibor. Né en 1928 en Algérie, ancien tailleur à Oran qu’il quitte en 1961, Maurice el-Medioni, qui s’est fait un prénom comme pianiste, joue à mêler tout ce qui l’a nourri depuis un demi-siècle : boogie-woogie, rumba cubaine, raï, andalou, hawzi, chant hébraïque et variétés françaises d’avant-guerre. Durant sa longue carrière, cet autodidacte a joué avec les plus grandes noms de la chanson juive d’Afrique du Nord comme Lili Labassi, Line Monty, Lili Boniche ou Blond-Blond. Il fut en outre, avec feu l’Algérien Mustapha Skandrani, l’un des musiciens attitrés de Reinette l’Oranaise.
Etabli à Marseille à partir de 1967 où il travaille dans la confection, sur les routes chaque fois qu’on a sollicité son piano, Maurice el-Medioni a enregistré et publié Café Oran, Samai andalou et Pianoriental.
Le piano dans la peau “Je suis issu d’une famille musicienne, raconte Maurice El Medioni. Mon oncle paternel Saoud El Medioni, dit Cheikh Saoud l’Oranais, était le professeur de Reinette l’Oranaise et de Lili Boniche.”
“À neuf ans, j’ai eu l’immense surprise de trouver à la maison un piano, que mon frère aîné avait acheté au marché aux puces. L’instrument sonnait comme une vraie casserole. Je m’y suis mis malgré tout et, huit jours plus tard, je jouais des deux mains sans avoir jamais pris aucun cours.”
À “l’école” des Américains
“Le 8 novembre 1942, les Alliés débarquent en Afrique du Nord. J’étais alors un petit Gavroche. Je n’allais plus à l’école, simplement parce que, étant Juif, on m’en avait renvoyé en 1940.”
“J’avais quatorze ans quand les Américains ont débarqué. Avec eux, j’ai commencé à fréquenter les bars et les 'Red cross', qui étaient les lieux de rencontre pour soldats américains. La compagnie d’un gamin de mon âge qui savait jouer du piano, ça les mettait en joie. De temps en temps venaient des soldats noirs qui savaient jouer le boogie-woogie et j’ai découvert cette musique. Je les regardais et, de retour à la maison, je tapais de la main gauche le boogie-woogie dans les graves et je faisais des variations à la main droite.” “À Oran, il y avait aussi un corps d’armée américain de Porto Rico. C’est en les côtoyant que j’ai connu la musique latine : rumba, chachacha… J’ai donc appris le jazz et le latino avec les soldats américains, qui me chantaient les airs de chez eux.”
Café Oran
“Après le départ des Américains, j’allais régulièrement au café Salva pour jouer à la belote. Mais mes camarades venaient me trouver en me disant : 'Allez Maurice, laisse tes cartes et vient plutôt nous jouer un boogie-woogie ou une rumba !' Et je le faisais.” “Un jour, trois jeunes Maghrébins qui m’avaient vu jouer sont venus me demander de les accompagner sur du raï. J’ai proposé aux trois chanteurs, qui étaient aussi percussionnistes, que nous montions un groupe. Ils m’ont enseigné le raï et je leur ai appris à jouer la rumba, en utilisant la derbouka comme un bongo latino-américain, en ajoutant des claves et des maracas. C’est ainsi que j’ai mélangé au raï des rythmes latinos et du boogie-woogie, créant un nouveau style.”
De l’Opéra d’Oran à l’exil
“J’ai cessé de jouer au café en 1950, quand Blaoui Houari, chef d’orchestre reconnu, est venu me chercher. Il m’a dit : 'Maurice, ta place n’est pas au café, mais parmi nous, en tant que soliste de l’orchestre oriental de l’Opéra d’Oran'. J’ai donc commencé à jouer avec son orchestre, ainsi qu’avec l’ensemble du directeur musical de l’Opéra d’Oran, le grand chanteur de musique classique andalouse Mahieddine Bachtarzi, également directeur d’une société musicale largement ouverte aux femmes et dont 70% des adhérents étaient des Juifs d’Alger, la Moutribia ('qui suscite l’émotion'). De grands chanteurs comme Lili Labassi ou Sassi en sont issus.” “J’ai quitté Oran en 1961 pour aller me fixer en Israël. Mais j’y ai vécu sept mois sans pouvoir m’acclimater. J’avais quitté l’Algérie avec tellement de peine et de contrariété qu’il s’en est suivi un ulcère d’estomac. Je souffrais du mal de mon pays… J’ai alors décidé de me fixer à Marseille en attendant de retrouver Oran. C’était en mai-juin 1962 et des amis m’ont fermement dissuadé de retourner dans une Algérie qui était à feu et à sang, prise entre les attentats du FLN et la politique de la terre brûlée de l’OAS.”
Avec les Orientaux de Paris
“J’ai alors décidé d’aller vivre à Paris, où je pouvais exercer mes deux activités : mon métier de tailleur et la musique, qui venait en seconde position. J’ai pris contact avec Blond-Blond, à l’époque le chanteur fantaisiste de l’orchestre de Missoum, seul chef d’orchestre maghrébin qui faisait des émissions à la radio française. J’ai intégré l’orchestre grâce à Blond-Blond, qui peu après a fait entrer un guitariste du nom de Gaston Ghrenassia, futur Enrico Macias.” “En 1962-64, je travaillais au cabaret Le Poussin Bleu, près des Folies Bergères. J’étais l’accordéoniste de Sami El Maghrebi, de Lili Labassi et de Blond-Blond, qui se produisaient dans cette boîte, où je travaillais tous les soirs. De temps en temps venaient nous rendre visite Reinette l’Oranaise ou Lili Boniche, lequel avait dû abandonner la musique en professionnel depuis qu’il avait épousé une comtesse… On faisait des bœufs entre nous jusqu’au matin.”
Marseille et le retour de flamme
“Parallèlement, je continuais mon métier de tailleur, que je ne voulais pas abandonner. Mais cette double activité me fatiguait beaucoup, si bien qu’en 1964, j’ai commencé à diminuer mon activité musicale au bénéfice de mon métier de tailleur. En 1967, je suis descendu au soleil de Marseille, où j’ai acheté un magasin sur la Cannebière en association avec mon frère aîné. J’ai réduit mon activité musicale à 90%. ” “En 1984-85, Reinette l’Oranaise a été réhabilitée par les artistes musulmans, qui reconnaissaient en elle une digne héritière des grands maîtres du 'haouzy', répertoire intermédiaire entre classique et populaire. J’ai eu le privilège d’être à ses côtés au théâtre de La Bastille, puis en tournée européenne, lorsque sa carrière a redémarré. Quant à moi, j’ai décidé de profiter de ma retraite pour me consacrer à la musique. J’ai ainsi enregistré mon premier CD, Café Oran, en 1997.”
Le couronnement d’une carrière Depuis lors, Maurice El Medioni n’a plus cessé de jouer en France et dans le monde, accompagnant Lili Boniche et se produisant sous son propre nom. Son deuxième album pour le label berlinois Piranha Records a été enregistré en 2005 à New York en étroite collaboration avec le percussionniste et arrangeur cubain Roberto Rodriguez.
Ce dernier raconte : “J’étais très ému quand j’ai rencontré Maurice pour la première fois à Paris, en 2005. Nous voilà, un Juif algérien d’Oran arrivé à Marseille via Paris et un Cubain d’El Vedado, La Havane, arrivé à l’East Village de Manhattan via Miami Beach. L’une des premières choses que Maurice m’a dite avec son accent franco-algérien passionné était : 'Roberto ! On va faire de la musique exquise. Les gens de ton pays et les gens de mon pays sont des gens magnifiques !' J’ai commencé à me détendre. À partir de ce moment précis, j’ai su que c’était le début de quelque chose d’extraordinaire.
François Bensignor
[17/02/2006]
Mustapha Skandrani, l'un des piliers de la musique andalouse et populaire algérienne né le 17 novembre 1920 à la casbah (Alger).Très populaire compositeur et pianiste qui avait entamé à "Nadi Et-Taraqi" avec comme enseignants Mohamed Benteffahi et les frères Mohamed et Abderrezak Fakhardji. Skandrani jouait plusieurs instruments entre autres le violon, la kouitra, la mandoline et le piano, un instrument qui l'accompagnera toute sa vie après avoir réussi à l'introduire comme élément de base dans l'orchestre chaâbi et andalou. Il a par la suite remplacé El-Anka comme chef de l'orchestre populaire
et se consacre en même temps à l'enseignement de son art auprès du Conservatoire d'Alger.Mustapha Skandrani nous a quité à l’âge de 85 ans en Octobre 2005.
Lili Boniche est né en 1921 dans la basse casbah d’Alger, de parents juifs originaires de Petite-Kabylie Akbou. Il fut l'élève de Saoud l’Oranais. Lili Boniche décide de moderniser son style, il écrit des dizaines de chansons, "Elles me venaient toutes comme ça, sans réfléchir ". Il fait dans le tango, le paso doble, le mambo,tous les rythmes en vogue, il les enrichit de phrases mélodiques typiquement arabes. Il crée la chanson populaire algéroise, mélange de mélopées juives et gitanes, d’airs glamour et de flamenco. Lili Boniche est décédé le 06 mars 2008 à Paris.
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Au début des années 90, pour des raisons que l'on ne s'explique toujours pas, Lili Boniche est sorti des oubliettes de l'histoire de la musique. A peine plus ridé qu'aux temps bénis de ses plus grands succès, la démarche parfois incertaine mais toujours aussi pimpant, il est revenu sur le devant de la scène. Et il obtient aujourd'hui une audience qu'il n'avait jamais atteinte. La vie de celui que l'on surnomme le crooner de la casbah ressemble à un scénario. Et pourtant tout est vrai… Lili Boniche est né en 1921 à Alger, de parents juifs originaires de Petite-Kabylie Akbou. Alger la Blanche, Alger sa ville. A l'âge de 10 ans, il quitte le domicile familial pour suivre l'enseignement d'un maître du haouzi, Saoud l'Oranais. A ses côtés, il apprend pas à pas le répertoire de la musique arabo-andalouse, côtoie la célèbre Reinette l'Oranaise et devient un virtuose du oud. Un jour, il n'a alors que 15 ans, il débarque à Radio Alger et, avec tout le culot propre à son âge, propose un projet au directeur. Celui-ci est emballé et lui octroie une émission hebdomadaire. Porté par son succès naissant, le jeune Lili Boniche compose chanson sur chanson et les interprète en direct à l'antenne : "Elles me venaient comme ça, sans réfléchir " raconte-t-il. Peu à peu, il crée un style (typique de la musique populaire algéroise) où se mélangent flamenco, arabo-andalou, paso doble, mambo et tradition juive. Il devient une star à Alger puis à Paris.Dans les années cinquante, il rencontre une comtesse : "Elle était belle, riche et folle de moi", se souvient-il en souriant ; il l'épouse illico. La version officielle veut que la belle ait été terriblement jalouse de toutes les femmes (à l'époque, on ne disait pas encore les "groupies") qui tournaient autour de son chanteur de charme et ait obligé le crooner d'Alger à raccrocher. Mais on murmure que l'étoile de Lili Boniche commençait à faiblir et qu'il a préféré se reconvertir dans les affaires pour assurer son avenir. Il achète quatre cinémas à Alger et devient un homme d'affaires prospère. Mais la tourmente gronde en Algérie et, à l'indépendance, le gouvernement lui confisque ses salles. Ainsi que nombre de ses coreligionnaires, il s'installe en France et repart à zéro. Il ouvre un restaurant -avec succès- puis se reconvertit en représentant de matériel de bureaux. Comme tous ceux qui ont tout perdu au moins une fois dans leur vie, il évoque aujourd'hui tout ceci sans fausse honte, avec même une once de regret et de fierté. "C'est la vie, sourit-il". Mais le démon de la scène ne l'a pas quitté et il se produit constamment dans les mariages et les barmitsva (équivalent des premières communions chrétiennes). Aux débuts des années 90, toute une génération de réalisateurs redécouvrent ses chansons et les utilisent dans les bandes sonores de leurs films. "Le Grand Pardon", "La vérité si je mens", "Mémoires d'immigrés" : à travers le cinéma, Lili Boniche retrouve les lettres de noblesse que sa comtesse l'avait contraint à abandonner. En 1998, il sort un album intitulé "Alger, Alger" produit par… le patron d'une maison de couture. Le succès est mitigé mais l'américain Bill Laswell reprend la production et la machine repart. Un concert plus ou moins privé à l'Elysée-Montmartre (célèbre salle parisienne, plus dévolue au rock'n roll qu'à la romance), une prestation mémorable lors des Belles Nuits du Ramadan… et l'histoire reprend, comme si le conteur reprenait sa lecture exactement là où il l'avait laissée. A l'aube de ses 70 ans, Lili Boniche peut se targuer d'avoir rempli l'Olympia, de rassembler un public qui va bien au-delà de la communauté juive et de faire danser différentes générations de juifs, de catholiques et de musulmans qui tanguent en cadence, unis par la musique d'un crooner oriental aux allures de rocker suranné.
Avec son album 2003, Oeuvres récentes produit par Jean Touiton, Lili Boniche a voulu sortir du strict cadre de la chanson judéo arabo andalou. A ses côtés on retrouve des musiciens d'exception venus d'horizons très variés Mathieu Chedid alias M, Jean Pierre Smadja alias Smadj de DuOud, le batteur Manu Katché, l'ex bassiste d'Eliott Murphy et des Modern Lovers Ernie Brooks ou encore Jean-Baptiste Mondino qui signe les guitares d'une chanson et la pochette. A la même époque le spectacle les Orientales imaginé par le groupe marseillais Barrio Chino rend hommage à la chanson francarabe et reprend bien sûr nombre standards de Lili Boniche. Dans la foulée un concert à Mogador est filmé et sort l'année suivante en DVD.
Mondomix
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Une autre biographie :
Avec sa dégaine de rocker de la casbah, guitare électrique en bandoulière, il était le dernier géant du genre « françarabe ». Ou plus exactement du « judéo-chaâbi » de Bab-el-Oued pimenté de roucouleurs alliages de cha-cha-chas, tangos et paso-dobles. Lili (pour Elie) Boniche (son vrai nom kitch d’origine espagnole) nous a quittés le 6 mars 2008 à l’âge de 87 ans, suivi quelques jours après par son épouse de 80 ans. Le plus étonnant, c’est que la nouvelle n’a dépassé le cercle de ses proches que le 19 mars. Il est vrai que l’auteur du fameux Et l’on m’appelle l’Oriental repris par Enrico Macias, et le très glamour interprète des versions arabes de Bambino ou de C’est l’histoire d’un amour éternelet banal, ne donnait plus de concerts depuis plusieurs années.
Lui qui avait emballé François Mitterrand venu l’écouter au Soleil d’Alger, l’ancien cabaret du faubourg Montmartre, fut, bien avant l’explosion raï, l’un des premiers à chanter en arabe sur les ondes et les scènes hexagonales avant de conquérir le Japon, les Etats-Unis, et de nourrir nombre de musiques de films avec ses derniers albums, produits par Bill Laswell. Une de ses chansons les plus récentes résonne comme un testament : « Il n'y a qu'un seul Dieu/ Rer Rabé ouahed / Toi tu pries assis, moi je prie debout/ Que tu sois Blanc ou Noir ou café au lait, ça ne t'empêchera pas de faire olé, olé. »
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Paroles e la chanson de Lili Boniche "Ana fil hob"
أنا في الحب ماذا عديت
سهرت الليالي و ماذا قاسيت
هطلوا دموعي و بكيت
خبيت سري و كميت
هذي قصتي في الحب
أنا سبابي في الحب نظرة
ألقيتها تبعت الجرة
ملكتني و سكنت قلبي
خلاتني بحبها مسبي
راه بي عالم ربي
و بحبها أنا اللي رضيت
منهو اللي يشفق على حالي
نبات نحسب نجوم الليالي
ما نرقد ما يجيني النوم
أو ما علي حتى لوم
كي نشوفها يزولو لهموم
آه يا ربي واش قاسيت
Né à Oran, Albert Rouimi, dit Blond- Blond, car il est albinos, est très tôt fasciné par la musique. A Paris, dans les années 30, il participe à des radio-crochets. Il y interprète Maurice Chevalier, Charles Trenet ou Juanito Valderama, la star du flamenco. De retour à Oran en 1939, sa rencontre avec Lili Labassi marque son répertoire qui s'oriente vers un mélange de registres : classique et fantaisiste. En 1946, à Paris, il met l'ambiance en compagnie de vedettes, comme Line Monty, au Soleil d'Algérie, célèbre cabaret oriental de la capitale. En 1950, il trouve le succès populaire avec son titre "L'Oriental". Pendant dix ans, il passera à El Djezaïr, cabaret parisien du Quartier Latin. Au cours des années 1960, il partage son existence entre soirées privées, fêtes de mariage et cabarets à la mode. Il meurt en 1999. Il est le plus fantaisiste des chanteurs judéo-maghrébins (il est l'auteur entre autres de l’inénarrable Viens à Juan-les-Pins, et de l'interprétation des "Merguez" à la façon et avec l'accent de Maurice Chevalier).