17 mars 2007 6 17 /03 /mars /2007 17:15

 

Ana nhabek Ouine enbatou
Abqao ala khir Ouahd el ghoziel
Amchi ya rassoul Ouine rak
Alalla ilali Pot pourri
Ahlan oua sahlan Rimoun rametni
Alik ma nasbar Samai andalou
Bienvenue Abiadi Selli Houmoumek (zidane)
Choucha ya choucha Selli houmoumek
Dor diha ya chibani Touchia (zidane)
El Maricane Touchia raml maya
El ouard yeftah Touchia (sika)
Farahtni Ticaraca tchoub
Kaliftou bil badri Ya lalla Moulati
Meklassate 1 & 2 Ya maalem ***
Ne dis rien Ya Ochaq + Rimoun Rametni

 

Maurice el Medioni rencontre Blaoui Houari & Cheb Khaled

 

 Maurice est le neveu de Messaoud el-Medioni, plus connu sous le nom de Saoud l’Oranais, un grand nom du hawzi raflé à Marseille, déporté avec son fils en mars 1943 et disparu dans le camp de Sobibor. Né en 1928 en Algérie, ancien tailleur à Oran qu’il quitte en 1961, Maurice el-Medioni, qui s’est fait un prénom comme pianiste, joue à mêler tout ce qui l’a nourri depuis un demi-siècle : boogie-woogie, rumba cubaine, raï, andalou, hawzi, chant hébraïque et variétés françaises d’avant-guerre. Durant sa longue carrière, cet autodidacte a joué avec les plus grandes noms de la chanson juive d’Afrique du Nord comme Lili Labassi, Line Monty, Lili Boniche ou Blond-Blond. Il fut en outre, avec feu l’Algérien Mustapha Skandrani, l’un des musiciens attitrés de Reinette l’Oranaise.
Etabli à Marseille à partir de 1967 où il travaille dans la confection, sur les routes chaque fois qu’on a sollicité son piano, Maurice el-Medioni a enregistré et publié Café Oran, Samai andalou et Pianoriental.

 

Le piano dans la peau
“Je suis issu d’une famille musicienne, raconte Maurice El Medioni. Mon oncle paternel Saoud El Medioni, dit Cheikh Saoud l’Oranais, était le professeur de Reinette l’Oranaise et de Lili Boniche.”
“À neuf ans, j’ai eu l’immense surprise de trouver à la maison un piano, que mon frère aîné avait acheté au marché aux puces. L’instrument sonnait comme une vraie casserole. Je m’y suis mis malgré tout et, huit jours plus tard, je jouais des deux mains sans avoir jamais pris aucun cours.”

Oran. Entre deux navigateurs américains en 1942
à l'âge de 14 ans. © DR

 

À “l’école” des Américains
“Le 8 novembre 1942, les Alliés débarquent en Afrique du Nord. J’étais alors un petit Gavroche. Je n’allais plus à l’école, simplement parce que, étant Juif, on m’en avait renvoyé en 1940.”
“J’avais quatorze ans quand les Américains ont débarqué. Avec eux, j’ai commencé à fréquenter les bars et les 'Red cross', qui étaient les lieux de rencontre pour soldats américains. La compagnie d’un gamin de mon âge qui savait jouer du piano, ça les mettait en joie. De temps en temps venaient des soldats noirs qui savaient jouer le boogie-woogie et j’ai découvert cette musique. Je les regardais et, de retour à la maison, je tapais de la main gauche le boogie-woogie dans les graves et je faisais des variations à la main droite.”
“À Oran, il y avait aussi un corps d’armée américain de Porto Rico. C’est en les côtoyant que j’ai connu la musique latine : rumba, chachacha… J’ai donc appris le jazz et le latino avec les soldats américains, qui me chantaient les airs de chez eux.”

Café Oran
“Après le départ des Américains, j’allais régulièrement au café Salva pour jouer à la belote. Mais mes camarades venaient me trouver en me disant :
'Allez Maurice, laisse tes cartes et vient plutôt nous jouer un boogie-woogie ou une rumba !' Et je le faisais.”
“Un jour, trois jeunes Maghrébins qui m’avaient vu jouer sont venus me demander de les accompagner sur du raï. J’ai proposé aux trois chanteurs, qui étaient aussi percussionnistes, que nous montions un groupe. Ils m’ont enseigné le raï et je leur ai appris à jouer la rumba, en utilisant la derbouka comme un bongo latino-américain, en ajoutant des claves et des maracas. C’est ainsi que j’ai mélangé au raï des rythmes latinos et du boogie-woogie, créant un nouveau style.”


Maurice Medioni et Lili Labassi
© DR

De l’Opéra d’Oran à l’exil
“J’ai cessé de jouer au café en 1950, quand Blaoui Houari, chef d’orchestre reconnu, est venu me chercher. Il m’a dit : 'Maurice, ta place n’est pas au café, mais parmi nous, en tant que soliste de l’orchestre oriental de l’Opéra d’Oran'. J’ai donc commencé à jouer avec son orchestre, ainsi qu’avec l’ensemble du directeur musical de l’Opéra d’Oran, le grand chanteur de musique classique andalouse Mahieddine Bachtarzi, également directeur d’une société musicale largement ouverte aux femmes et dont 70% des adhérents étaient des Juifs d’Alger, la Moutribia ('qui suscite l’émotion'). De grands chanteurs comme Lili Labassi ou Sassi en sont issus.”
“J’ai quitté Oran en 1961 pour aller me fixer en Israël. Mais j’y ai vécu sept mois sans pouvoir m’acclimater. J’avais quitté l’Algérie avec tellement de peine et de contrariété qu’il s’en est suivi un ulcère d’estomac. Je souffrais du mal de mon pays… J’ai alors décidé de me fixer à Marseille en attendant de retrouver Oran. C’était en mai-juin 1962 et des amis m’ont fermement dissuadé de retourner dans une Algérie qui était à feu et à sang, prise entre les attentats du FLN et la politique de la terre brûlée de l’OAS.”


En 1950. © DR

 

Avec les Orientaux de Paris
“J’ai alors décidé d’aller vivre à Paris, où je pouvais exercer mes deux activités : mon métier de tailleur et la musique, qui venait en seconde position. J’ai pris contact avec Blond-Blond, à l’époque le chanteur fantaisiste de l’orchestre de Missoum, seul chef d’orchestre maghrébin qui faisait des émissions à la radio française. J’ai intégré l’orchestre grâce à Blond-Blond, qui peu après a fait entrer un guitariste du nom de Gaston Ghrenassia, futur Enrico Macias.”
“En 1962-64, je travaillais au cabaret Le Poussin Bleu, près des Folies Bergères. J’étais l’accordéoniste de Sami El Maghrebi, de Lili Labassi et de Blond-Blond, qui se produisaient dans cette boîte, où je travaillais tous les soirs. De temps en temps venaient nous rendre visite Reinette l’Oranaise ou Lili Boniche, lequel avait dû abandonner la musique en professionnel depuis qu’il avait épousé une comtesse… On faisait des bœufs entre nous jusqu’au matin.”

Marseille et le retour de flamme
“Parallèlement, je continuais mon métier de tailleur, que je ne voulais pas abandonner. Mais cette double activité me fatiguait beaucoup, si bien qu’en 1964, j’ai commencé à diminuer mon activité musicale au bénéfice de mon métier de tailleur. En 1967, je suis descendu au soleil de Marseille, où j’ai acheté un magasin sur la Cannebière en association avec mon frère aîné. J’ai réduit mon activité musicale à 90%. ”
“En 1984-85, Reinette l’Oranaise a été réhabilitée par les artistes musulmans, qui reconnaissaient en elle une digne héritière des grands maîtres du 'haouzy', répertoire intermédiaire entre classique et populaire. J’ai eu le privilège d’être à ses côtés au théâtre de La Bastille, puis en tournée européenne, lorsque sa carrière a redémarré. Quant à moi, j’ai décidé de profiter de ma retraite pour me consacrer à la musique. J’ai ainsi enregistré mon premier CD, Café Oran, en 1997.”


© François Bensignor

Le couronnement d’une carrière
Depuis lors, Maurice El Medioni n’a plus cessé de jouer en France et dans le monde, accompagnant Lili Boniche et se produisant sous son propre nom. Son deuxième album pour le label berlinois Piranha Records a été enregistré en 2005 à New York en étroite collaboration avec le percussionniste et arrangeur cubain Roberto Rodriguez.
Ce dernier raconte : “J’étais très ému quand j’ai rencontré Maurice pour la première fois à Paris, en 2005. Nous voilà, un Juif algérien d’Oran arrivé à Marseille via Paris et un Cubain d’El Vedado, La Havane, arrivé à l’East Village de Manhattan via Miami Beach. L’une des premières choses que Maurice m’a dite avec son accent franco-algérien passionné était : 'Roberto ! On va faire de la musique exquise. Les gens de ton pays et les gens de mon pays sont des gens magnifiques !' J’ai commencé à me détendre. À partir de ce moment précis, j’ai su que c’était le début de quelque chose d’extraordinaire.

François Bensignor
[17/02/2006]

Mustapha Skandrani, l'un des piliers de la musique andalouse et populaire algérienne né le 17 novembre 1920 à la casbah (Alger).Très populaire compositeur et pianiste qui avait entamé à "Nadi Et-Taraqi" avec comme enseignants Mohamed Benteffahi et les frères Mohamed et Abderrezak Fakhardji. Skandrani jouait plusieurs instruments entre autres le violon, la kouitra, la mandoline et le piano, un instrument qui l'accompagnera toute sa vie après avoir réussi à l'introduire comme élément de base dans l'orchestre chaâbi et andalou. Il a par la suite remplacé El-Anka comme chef de l'orchestre populaire
et se consacre en même temps à l'enseignement de son art auprès du Conservatoire d'Alger.Mustapha Skandrani nous a quité à l’âge de 85 ans en Octobre 2005.

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