le 19 septembre 1958, l’Algérie combattante proclamait à partir du Caire la naissance de son premier Gouvernement par la voix de son président, Ferhat Abbas.
Après la proclamation du 1 novembre 1954, le Congrès de la Soummam du 20 août 1956, la création du GPRA est le troisième des quatre actes les plus solennels de la Révolution qui aboutit à l’indépendance de l’Algérie, le 3 juillet 1962.
Ferhat Abbas (1899-1985), à l’âge de 59 ans, fait figure d’ancien, de sage. Il vient de l’UDMA (Union Démocratique du Manifeste Algérien) et non du courant principal du Mouvement national, du PPA (Parti du Peuple Algérien) qui a formé la plupart des cadres de la Révolution, mais c’est lui que la Direction de la Révolution décide de porter à la tête du premier Gouvernement de l’Algérie en lutte. Sa nomination marque l’apogée d’un parcours militant national entamé dans les années 1920 dans le mouvement étudiant. Il sera notamment président de l’AEMAN (Association des Etudiants Musulmans d’Afrique du Nord) de 1928 à 1931. Ferhat Abbas rejoint le FLN en avril 1955. Il fait partie du CNRA (Conseil National de la Révolution Algérienne) formé par le Congrès du FLN d’août 1956, et il rejoint le CCE en 1957. A l’issue de son congrès, le FLN s’était doté d’un organe de direction, le CNRA, dont émanait une structure exécutive, le CCE (Comité de Coordination et d’Exécution), composé de Ramdane Abane (1920-1957), Belkacem Krim, Larbi Ben M’hidi (1923-1957), Benyoucef Benkhedda et Saad Dahlab (1918-2000). Le CNRA de 1957 élargit la composante du CCE où figurent dorénavant Ramdane Abane, Ferhat Abbas, Belkacem Krim, Lakhdar Bentobbal, Abdelhafid Boussouf, Mahmoud Cherif, Lamine Debaghine, Abdelhamid Mehri et Amar Ouamrane (1919-1992).
Belkacem Krim (1922-1970) est déjà depuis longtemps, et bien avant le 1er novembre 1954, une légende de la résistance nationale au colonialisme. Il est membre des Six (aux côtés de Mohamed Boudiaf, Mostefa Benboulaïd (1917-1956), Larbi Ben M’hidi, Rabah Bitat et Mourad Didouche (1927-1955)) qui décident du Premier novembre et qui forment la première Direction du Front de Libération Nationale. Il sera le premier responsable de la Zone 3, un des six congressistes de la Soummam (avec Ramdane Abane, Larbi Ben M’hidi, Lakhdar Bentobbal, Amar Ouamrane et Youcef Zighoud (1921-1956), penseur et chef de l’Offensive du 20 août 1955 qui marque le véritable début de la guerre), et membre du premier CCE ainsi que de celui auquel succédera le GPRA.
Ahmed Ben Bella (1916-2012), responsable de l’OS (Organisation spéciale) pour l’Oranie, a remplacé à Hocine Ait Ahmed à la tête de l’Organisation en 1950, qui en a été injustement évincé dans les remous de la crise dite «berbériste» de 1949. Cette crise avait sérieusement ébranlé le PPA et Hocine Ait Ahmed qui ne pouvait pas être suspecté de berbérisme en a pourtant été une « éminente victime collatérale ». Ahmed Ben Bella ne possédait pas la même légitimité politique que Hocine Ait Ahmed, mais il avait pour lui une expérience militaire prestigieuse acquise dans les rangs de l’armée française pendant la Deuxième guerre mondiale. En outre, son séjour en Egypte, puis, notamment, le détournement du 22 octobre 1956, lui assurent une reconnaissance et des sympathies politiques et médiatiques en France et dans le monde arabe.
Hocine Ait Ahmed (1926-2015), membre de la Direction du PPA/MTLD, adjoint puis successeur de Mohamed Belouizdad (1924-1952) comme chef de l’OS qui avait été créée en 1947 par la Direction du PPA pour préparer la lutte armée, rédacteur (à l’âge de 22 ans !) du lumineux «rapport de Zeddine» qui lui avait été commandé par Hocine Lahouel (1917-1995), Secrétaire général du PPA/MTLD, et présenté en décembre 1948 à un Comité central élargi du parti. A partir du Caire où il s’est exilé en 1952, il déploie une intense activité diplomatique qui propage, de Bandung à New-York, à travers le monde, la cause de la lutte des Algériens pour leur indépendance. Hocine Ait Ahmed est l’auteur de la proposition de constituer un Gouvernement provisoire, envoyée au CCE début 1958 alors qu’il est emprisonné avec Ahmed Ben Bella, Mohamed Boudiaf, Mohamed Khider et Mostefa Lacheraf (1917-2007) suite à l’arraisonnement de l’avion qui les transportait le 22 octobre 1956 de Rabat à Tunis où ils devaient participer à une réunion maghrébine avec le Président tunisien, Habib Bourguiba, et le Sultan du Maroc, Mohamed V. L’idée de constitution d’un Gouvernement algérien sera reprise par la Conférence maghrébine de Tanger d’avril 1958 dans les termes suivants : «La conférence recommande la constitution, après consultation des gouvernements tunisien et marocain, d’un Gouvernement algérien.»
Rabah Bitat (1925-2000) est militant PPA dès son plus jeune âge. Membre de l’OS, il participe à la réunion des «22» (Mokhtar Baji, Othmane Belouizdad, Ramdane Ben Abdelmalek, Ben Mostefa Benaouda, Mostefa Benboulaïd, Mohamed-Larbi Ben M’hidi, Lakhdar Bentobbal, Rabah Bitat, Zoubir Bouadjadj, Slimane Bouali, Ahmed Bouchaïb, Mohamed Boudiaf, Abdelhafidh Boussouf, Mourad Didouche, Abdeslam Habachi, Abdelkader Lamoudi, Mohamed Mechati, Slimane Mellah, Mohamed Merzougui, Boudjemaâ Souidani, Youcef Zighoud) réunis en juin 1954 par Mohamed Boudiaf au domicile de Lyès Derriche au Clos Salembier, en vue de lancer la préparation de l’insurrection. Il fait partie du groupe des Six qui décident de déclencher la Guerre de libération le 1er novembre 1954. Premier responsable de la Zone 4 (Algérois), il est arrêté en 1955 et sera emprisonné pour la durée de la guerre.
Mohamed Boudiaf (1919-1992), militant PPA, responsable de l’OS pour le Constantinois, membre du CRUA avec Mostefa Benboulaid, Mohamed Dekhli et Ramdane Bouchebouba. Le CRUA est une initiative de Hocine Lahouel et Mohamed Boudiaf en vue de prévenir la scission du PPA/MTLD en tentant de le réunifier dans la perspective du lancement de l’action révolutionnaire armée. Mohamed Boudiaf est désigné par les 22 (qui en fait élisent à bulletin secret Mostefa Benboulaïd comme coordinateur du groupe, lequel choisira de se désister en faveur de Boudiaf qui est l’initiateur et la cheville ouvrière du processus en cours) pour organiser le déclenchement de la Guerre de libération. Coordinateur du groupe des Six, rédacteur, avec Mourad Didouche, de la proclamation du 1er novembre, il joue un rôle éminent et décisif dans la préparation du 1er novembre et le déclenchement de la Révolution. Il est, lui aussi, emprisonné depuis le détournement du 22 octobre 1956.
Mohamed Khider (1912-1967), militant de l’ENA (Etoile Nord-Africaine) dans les années 1930, cadre du PPA/MTLD, élu en 1946 député MTLD d’Alger à l’Assemblée nationale française, il s’exile au Caire en 1951 où il devient l’adjoint du responsable de la section algérienne du Bureau du Maghreb arabe, Chadli Mekki, avant de le remplacer un an plus tard. Il fait partie depuis 1954 de la Délégation extérieure du FLN au Caire avec Hocine Ait Ahmed et Ahmed Ben Bella.
Lamine Debaghine (1917-2003), ancien dirigeant du PPA qu’il intègre en 1939, de facto son premier responsable dans les années 1940, en l’absence de Ahmed Messali, emprisonné ou exilé, le Dr Lamine Debaghine est une grande figure du PPA/MTLD. Il fait partie avec Messaoud Boukadoum (1910-2007), Djamel Derdour (1907-2007), Mohamed Khider et Ahmed Mezerna (1907-1982), des députés MTLD élus à l’Assemblée nationale française en 1946. Comme Hocine Ait Ahmed, il est évincé de la Direction du parti à l’occasion de la crise de 1949. Il décline l’offre du FLN de le porter à sa tête en 1954. Comme de nombreux dirigeants nationalistes connus des services de police, il est arrêté après le déclenchement de la Révolution. En 1955, il rejoint au Caire la Délégation extérieure du FLN et contribue dès lors à son action politique et diplomatique.
Mahmoud Cherif (1912-1987) est militaire de formation. Il est aussi un vétéran de la Deuxième guerre mondiale. Il est militant UDMA jusqu’à ce qu’il rejoigne le FLN et le maquis en 1955. En 1956 il est officier de l’ALN en Wilaya 1 et en devient le premier responsable. En 1957, il est membre du CNRA et du CCE.
Lakhdar Bentobbal (1923-2010) s’engage à l’âge de 17 ans dans les rangs du PPA. Membre de l’OS et clandestin dans les Aurès après la dissolution de l’Organisation, il fait partie du Groupe des «22». Le 1er novembre 1954, il est avec Mourad Didouche et Youcef Zighoud, un des premiers responsables du FLN en Zone 2. Sous l’autorité de Youcef Zighoud, il est un des principaux chefs de l’offensive du 20 août 1955. Un an plus tard, le 20 août 1956 il est un des six congressistes de la Soummam et devient à l’issue de ce premier congrès du FLN, membre du CNRA. En septembre 1956 il succède à Youcef Zighoud à la tête de la Wilaya 2. A l’issue du CNRA de 1957, il devient membre du CCE avec la responsabilité de l’Intérieur.
Abdelhafid Boussouf (1926-1980) milite dès son plus jeune âge au sein du PPA. Membre de l’OS, il participe à la réunion des «22». En 1956, il devient membre du CNRA et il succède à Larbi Ben M’hidi à la tête de la Wilaya 5 après avoir été son adjoint. Le CNRA de 1957 le désigne comme membre du CCE.
Ahmed Francis (1912-1968) commence son parcours militant au sein de l’AEMAN à Paris où il effectue ses études de médecine, et le poursuit dans les AML (Amis du Manifeste et de la Liberté). Dans le contexte de la répression qui s’abat sur le peuple algérien en mai 1945, il est arrêté et interné dans un camp du Sud. Très proche de Ferhat Abbas il sera avec lui, et avec, notamment, Ahmed Boumendjel (1908-1984) et le Docteur Cherif Saadane (1893-1948), membre fondateur de l’UDMA en 1946. Désigné membre du CNRA de 1956, il rejoindra le Caire cette année-là et effectuera alors de nombreuses missions politiques et diplomatiques pour le FLN. En avril 1958, la Conférence de Tanger, qui réunit les représentants de l’Istiqlal marocain, du Néo-Destour tunisien et du FLN, le nomme au Secrétariat permanent chargé d’assurer l’exécution des décisions de la conférence.
Abdelhamid Mehri (1926-2012) a également participé à la Conférence de Tanger comme membre de la délégation FLN présidée par Ferhat Abbas. Abdelhamid Mehri est militant du PPA/MTLD, il devient membre de son Comité central en 1953. Après le déclenchement de la Révolution, il entre en clandestinité à Alger, jusqu’à ce que la Direction du FLN lui demande au printemps 1955 de rejoindre la Délégation extérieure. Il est membre du CNRA de 1956 et devient membre du CCE après le CNRA de 1957.
M’hamed Yazid (1923-2003), militant PPA depuis son jeune âge. Il est arrêté en 1948 et condamné à deux ans de prison. Il devient membre du Comité central du PPA/MTLD en 1951. Envoyé en mission au Caire par le CRUA, le 1er novembre l’y surprend. Il s’adjoindra alors à la Délégation extérieure du FLN et accomplira un important travail politique et diplomatique, notamment à l’ONU. Il est membre du premier CNRA.
Benyoucef Benkhedda (1920-2003) adhère au PPA en 1942. Il devient membre du Comité central du PPA/MTLD en 1947 et son Secrétaire général en 1951. Il rejoint le FLN en 1955 et travaille directement avec Ramdane Abane. Le congrès du 20 août 1956 le désigne comme membre du CNRA et du CCE. Avec Larbi Ben M’hidi et Ramdane Abane, ils organisent et dirigent la Zone Autonome d’Alger, et ce, jusqu’à l’arrestation et l’assassinat de Larbi Ben M’hidi en mars 1957.
Tewfik el-Madani (1898-1983) effectue toute sa scolarité à la Zitouna de Tunis. Il prend part à la lutte anticoloniale du peuple tunisien, prône la lutte armée, et sera emprisonné de 1915 à 1918. En 1920 il est un des fondateurs et un des dirigeants du parti du Destour. En 1925 il est expulsé vers son pays d’origine. En 1931 il est un des membres fondateurs de l’Association des Oulémas d’Algérie dirigée d’abord par Abdelhamid Ben Badis (1889-1940), puis par Bachir el-Ibrahimi (1889-1965). En 1956 il rejoint le FLN et fait partie de son premier CNRA.
Lamine Khène (1931-) devient militant du PPA à l’âge de 15 ans. Etudiant en médecine, il milite à l’AEMAN puis à l’UGEMA dont il est un des membres fondateurs. Au printemps 1955, il s’engage dans le FLN sous l’autorité de Ramdane Abane qui avait été chargé dès sa sortie de prison en janvier 1955 par Belkacem Krim et Amar Ouamrane de diriger et d’organiser le FLN à Alger. Lamine Khène préside l’assemblée des étudiants qui décident la grève des cours et des examens, rédige l’Appel du 19 mai 1956 et, quelques jours plus tard, le 1er juin, rejoint le maquis en Zone 2 en compagnie de son camarade Allaoua Benbaatouche (1930-1958). Officier de l’ALN, il met en place le service de santé de la Wilaya 2. En 1957, il est désigné comme membre du CNRA. En tant que Secrétaire d’Etat à l’intérieur, il représente l’Est du pays.
Omar Oussedik (1920-1992), militant PPA, membre de l’OS, arrêté en 1948, il est emprisonné jusqu’en 1951. Il rejoint le FLN en 1955. Officier de l’ALN, il est membre du CNRA de 1957. En tant que Secrétaire d’Etat à l’intérieur, il représente le Centre du pays.
Mustapha Stambouli (1920-1984), officier de l’ALN, a fait des études de droit. Il est militant PPA dès la fin des années 1930, plusieurs fois détenu par les autorités coloniales, et notamment, en 1948, il est arrêté à la frontière libyenne sur son chemin pour aller combattre en Palestine. En tant que Secrétaire d’Etat à l’intérieur, il représente l’Ouest du pays.
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